La gestion durable de l’environnement en général et la couverture végétale en particulier dans la lutte et l’adaptation au changement climatique était au coeur d’un entretien accordé à notre rédaction par le lieutenant Désiré Komla TOGBOSSI, agent des eaux et forêts en service au Ministère de l’environnement durable et de la Protection de la nature.

Rédaction: Lieutenant TOGBOSSI, bonjour et merci de répondre à notre invitation.

Lt TOGBOSSI: Bonjour et merci de me recevoir.

Rédaction: La fonte des glaciers de l’Antarctique, l’érosion de nos côtes vers Aneho sont quelques exemples de dégradation de l’environnement auxquels gouvernements, ONG, institutions internationales tentent de répondre depuis des décennies déjà. Comment lutter efficacement contre la degradation?

Lt TOGBOSSI: Merci pour votre intérêt à l’environnement. Qui parle de l’environnement parle des ressources naturelles, biotiques(animaux et végétaux) et abiotiques (les sols, les eaux etc.). La dégradation de l’environnement est un vaste sujet. Beaucoup d’efforts sont consentis pour lutter contre ce mal qui continue de prendre de l’ampleur. La lutte est loin d’être terminée. Cependant pour qu’elle soit efficace, je pense que l’on doit procéder à une gestion durable et plus efficiente de ces ressources afin de satisfaire non seulement nos besoins tout en pensant aux générations futures. Il nous faut par par exemple réglementer l’exploitation de nos ressources qui semble un peu anarchique, en substituant ou en réduisant l’utilisation du bois énergie par du gaz butane, des meules casamançaises des foyers améliorés à bois ou/et à charbon etc…Enfin il est important de sensibiliser les populations à adopter ces nouvelles pratiques et surtout procéder à une réduction du prix du gaz afin de le rendre accessible à tous.

Rédaction: Vous êtes spécialiste de la télédétection. Qu’est ce que sait et que peut attendre l’Afrique de cette science pour son épanouissement et son développement de manière concrète ?

Lt TOGBOSSI: (Sourire) je ne suis qu’un apprenant pour le moment. La surveillance des grandes forêts comme le bassin du congo ne peut se faire efficacement que par voie satellitaire. Cette innovation, la télédétection permet donc de suivre toute activité en temps réel au coeur de la canopée. Cela permet donc d’intervenir de manière ponctuelle et rapide dans la gestion soit lors des exploitations illicites ou encore lors les feux de végétation. Cette technique est utilisée également lors des inventaires et le suivi de l’évolution de la végétation. En fait, beaucoup de pays africains utilisent déjà cette technologie très prisée dans la gestion du territoire en général et aussi des aires protégées. Pour notre pays le Togo ça va venir.

Rédaction: Nous constatons de nos jours qu’il fait plus chaud que dans les années 80. Au delà du déboisement anarchique qu’est ce qui provoque ce dérèglement climatique?

Lt TOGBOSSI: Le changement climatique est dû à plusieurs facteurs. On a d’une part les causes anthropiques (créés par l’homme) et les causes naturelles. En dehors du déboisement comme vous l’avez si bien dit, on peut citer entre autres l’exploitation et l’utilisation de plus en plus accentués des fossiles combustibles (hydrocarbures) et aussi l’utilisation abusive des engrais chimiques, l’agriculture itinérante sur brûlis etc…, le développement des dans les moyens de transport, le fonctionnement des usines, les feux de végétation, ….etc… Tout ceci émet dans l’atmosphère des gaz à effet de serre (GES), gaz qui à une certaine concentration provoque le réchauffement climatique. Parmis ces gaz on peut citer le CO2, le méthane, le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux, les chlorofluorocarbures (CFC) etc. Il faut ajouter que le changement des paramètres climatiques a entraîné une élévation de la température à 0, 7°c au cours du 20eme siècle. L’émission des GES est donc responsable à 9O% du réchauffement climatique contre 10% des facteurs naturels tels les éruptions volcaniques et les activités solaires. La solution pour ce problème c’est l’adaptation et des mesures atténuantes, l’émission de moins en moins des GES, les bonnes pratiques de l’agriculture et aussi l’utilisation des énergies propres comme énergie éolienne, solaire etc.

Rédaction: Et l’utilisation des plastiques non biodégradables? Ne constitue-t-elle pas un casse tête chinois pour un environnement sain? Si oui pourquoi les grandes puissances continuent alors de les produire vers le tiers monde?

Lt TOGBOSSI: Par rapport aux plastiques non biodégradables, je pense que le Togo a déjà mis en place les lois interdisant l’utilisation des sachets non biodégradables. Il ne reste qu’à les mettre en application avec des contrôles et des sanctions et ça va aller.

Redaction: Rappelons que le Lieutenant TOGBOSSI, agent des eaux et forêts en service au Ministère de l’environnement durable et de la Protection de la nature est Ingénieur de formation et actuellement en stage de spécialisation en foresterie et environnement pour une gestion durable des ressources naturelles via SIG et télédétection à Thiés au Sénégal. Mon Lieutenant, merci de votre promptitude et de votre disponibilité. Avez vous un mot de fin?

Lt TOGBOSSI: Merci plutôt à vous de vous intéresser à l’environnement. En somme et en dehors de tout ce que nous avons évoqué plus haut, il faut aussi noter que toute pollution que nous causons autour de nous se retrouve indirectement dans les rivières et par ricochet dans les océans. A cela s’ajoute les déchets déversés par les bateaux et autres navires en transit. Tout cela accélère plus la pollution des océans et c’est effrayant. Il nous revient d’adopter les bonnes mesures accompagnées de sanctions pour freiner la catastrophe vers laquelle nous courons.

Redaction: Merci Lieutenant.