D1-LONATO : DES PELOUSES INDIGNES D’UN CHAMPIONNAT D’ÉLITE.

Vue partielle de la pelouse du stade de Kpalimé

La D1-LONATO avance, mais trop souvent à cloche-pied, ralentie par un mal que tout le monde voit mais que peu osent affronter frontalement: la misère de nos pelouses. À chaque journée, des milliers de supporters espèrent du beau jeu, des combinaisons millimétrées, du spectacle. À la place, ils assistent parfois à un match où la balle saute plus qu’elle ne roule, où chaque contrôle est un défi, où le football lui-même semble en souffrance. Les récentes sorties du coach d’ASKO et de Gomido n’ont fait que confirmer ce que certains acteurs sportifs, hommes de media, joueurs et fans murmurent depuis des années.

Le coach de Asko de Kara, Amani Yao

Le terrain était indigne d’un match de football. Je n’aime pas faire ce genre de commentaire sur un match mais j’ai vu de la m*rde sur un champ de patates. Aucune des deux équipes n’a pu aligner cinq passes. »

À l’instar de ces stades précités, d’autres à pelouse synthétique comme le terrain municipal de Lomé et surtout celui de Sokodé, où la pelouse épuisée par une surexploitation alarmante, ressemble désormais plus à un champ fatigué qu’à un rectangle vert de compétition. À ce niveau, ce n’est plus un détail. C’est un handicap majeur, un frein à la progression et un danger réel. Chaque week-end, des joueurs risquent des blessures évitables. Des talents se brident. Des actions avortent. Le football perd sa magie. Et pendant ce temps, on investit — paraît-il — des millions pour des infrastructures qui ne tiennent même pas la saison.

Le technicien de Gomido, Abalo Dosseh

…mais je pense qu’avec le temps ça viendra, c’est ce qu’on leur dit, de poser le ballon mais en même temps il faut reconnaître que notre pelouse ne nous permet pas de poser le ballon.

Alors oui, les vraies questions sont celles-ci :qui construit nos stades? Et selon quels critères?Compétence éprouvée ou proximité confortable avec les décideurs?Appels d’offres transparents ou circuits prévisibles où l’on choisit le moins dérangeant plutôt que le plus compétent?Y a t-il un contrôle de qualité ou un suivi après la fin des travaux? Quels sont ces techniciens qui ont validé, mieux homologué les terrains pour la saison sportive?

Trop longtemps, le football togolais a fonctionné sous la logique du “ça passe comme ça”. Résultat : ça passe, mais ça casse. Ça casse le jeu. Ça casse les ambitions. Ça casse le moral des supporters qui méritent mieux. Nous ne pouvons pas continuer éternellement à fermer les yeux. Le championnat togolais a besoin d’un sursaut, pas d’un pansement. Il faut auditer, sanctionner, exiger, contrôler, rénover. Et surtout, tenir responsables ceux qui livrent des terrains médiocres. Parce qu’à un moment, il faudra arrêter de murmurer et parler fort. Arrêter de dénoncer timidement et exiger fermement. Arrêter de subir et agir.

Le Togo regorge de talents. Les supporters sont passionnés. Le potentiel est immense. Mais tant que les pelouses seront l’adversaire le plus coriace du championnat, la D1-LONATO jouera en défense au lieu d’attaquer l’avenir. Un jour — et espérons que ce soit bientôt — il faudra frapper du poing sur la table, mettre fin aux bricolages et construire des infrastructures dignes de nos ambitions. Parce qu’on ne peut pas rêver grand sur un terrain qui s’effrite.